vendredi 14 juin 2013

L'adoption par des couples mariés homosexuels : une illusion




A propos de la possibilité d'adoption nouvellement donnée aux couples mariés homosexuels, j'avais déjà écrit dans les réseaux sociaux que cette possibilité serait difficilement applicable, que ce soit en France ou à l'étranger.

Je prends le temps de développer dans un article.



Avant le vote du mariage pour tous, que disait la loi ?



Depuis 1966, le code civil permet l'adoption à "deux époux non séparés de corps, mariés depuis plus de deux ans ou âgés l'un et l'autre de plus de vingt-huit ans", mais précise (art. 343.1) que "l'adoption peut être aussi demandée par toute personne âgée de plus de vingt-huit ans".


Il était donc juridiquement possible à un célibataire d'adopter, même si concrètement c'était difficile, les services sociaux préférant souvent confier les enfants à des couples mariés. 
Mais chaque année quelques dizaines de célibataires adoptent donc. 

La loi ne tient pas compte de la sexualité de l'adoptant. Un couple homosexuel pouvait alors adopter, mais seulement au nom de l'un des deux conjoints, en tant que célibataire, l'autre conjoint ne disposant donc d'aucun droit sur l'enfant.


Avec le mariage pour tous, les couples mariés de même sexe peuvent de fait postuler à l'adoption. L'adoption de l'enfant de leur conjoint ou entreprendre une procédure d'adoption d'un nouvel enfant dans le couple. 

Seulement le nombre d'enfants légalement adoptables en France est faible (faible nombre d'enfants nés sous X ou retirés à leur famille par les services sociaux et légalement adoptables) et les procédures sont complexes. 



Adopter en FRANCE


Les adoptions se font surtout pour les pupilles de l’Etat, ce sont les enfants que l’on appelait autrefois « de l’assistance publique ». Il s’agit d’enfants recueillis par les services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Ils n’ont plus de parents soit parce qu’ils ont été abandonnés, soit parce qu’ils sont orphelins ou ont été placés par un juge qui a déchu les parents de leur statut. 

Mais, parmi les pupilles de l’Etat, tous ne sont pas adoptables. Chaque année, seulement un enfant sur trois est placé en vue de son adoption. L’âge de l’enfant, son état de santé ou sa place dans la fratrie justifient son non-placement en vue de l’adoption. 

Très peu de nouveaux nés sont également adoptables, la plupart du temps ce sont surtout des grands enfants avec un passé familial douloureux.


En 2011, on comptait en France  27 000 couples ayant déposé une demande d'adoption valide (9000 nouvelles demandes par an) pour 600 enfants adoptables en France chaque année...   

En 2012, 1 569 enfants ont été adopté sur le territoire français. Ce qui signifie que 25 431 couples mariés, triés sur le volet, ne peuvent pas adopter en France !


Sur les 25 431 couples restant, seuls 1600 couples auront la chance d'arriver à adopter un enfant à l'étranger et ce déséquilibre entre l'offre et la demande va en augmentant chaque année, car les pays étrangers tendent de plus en plus à privilégier les adoptions nationales.



Couples triés sur le volet ? 

Oui, car être parent postulant à l'adoption est un véritable parcours du combattant qui laisse de nombreux candidats sur le chemin.

Pour pouvoir adopter il faut avant tout être titulaire du sésame ultime : l'Agrément !



La demande d'agrément se dépose auprès du service départemental d'aide sociale à l'enfance, placé sous la direction du président du Conseil général du département de résidence. Un questionnaire est remis au(x) candidat(s) lors d'un premier entretien. Dans les 2 mois suivant cette demande, les candidats à l'adoption reçoivent une information détaillant les modalités de l'adoption. Puis les candidats doivent confirmer leur demande d'adoption, au moyen d'une lettre recommandée avec accusé de réception dans laquelle ils rappellent leurs attentes et leurs motivations, accompagnés de nombreux documents officiels : livret de famille, casier judiciaire, certificat médical, attestation de ressources etc....



Une enquête est alors diligentée par le président du Conseil général pour apprécier les possibilités d'adoption des candidats : conditions d'accueil et de vie, capacité éducative, évaluation psychologique... Cette enquête est réalisée au moyen d'une série d'entretiens : 2 entretiens avec un psychologue et 2 avec un éducateur au domicile du candidat. La procédure dure entre 9 mois et 1 an, délai au bout duquel les candidats à l'adoption se voient remettre le précieux sésame à l'adoption  : l'agrément, qui est accordé pour 5 ans. 

Mais attention, chaque année, de  nombreux candidats à l'adoption se voient refuser l'agrément (67 % obtiennent l'agrément), si les services sociaux ne jugent pas le cadre de vie suffisamment stable ou si les parents sont trop fragiles pour assurer la bonne éducation d'un enfant qui a été abandonné par ses parents biologiques.



Tout enfant a besoin d'attention, d'amour, de stabilité, c'est encore plus vrai pour un enfant adopté qui a commencé les premiers mois ou premières années de sa vie dans un orphelinat, avec une attention collective, sans l'amour exclusif de ses parents dans le cocon familial rassurant qui lui permet de se construire sereinement.



On peut s'en douter, les services sociaux sont plutôt favorables à confier un enfant à un couple marié hétérosexuel. Car même si le mariage entre deux personnes du même sexe est maintenant légal et deviendra au fil du temps banalisé, les services sociaux privilégieront un cadre classique composé d'un papa et d'une maman afin de ne pas accentuer les différences. Car être adopté c'est déjà une différence avec laquelle l'enfant devra grandir et se construire. Et ce n'est pas toujours simple.





2e alternative : adopter à l'étranger
Un parcours du combattant, très long et compliqué



Les chiffres d'enfants étrangers adoptables à l'international baissent chaque année. En 2012, 1569 enfants d'origine étrangère (contre 4000 en 2006) ont été adoptés par des couples ou célibataires français.



Les pays ratifient peu à peu la convention de La Haye de 1993, qui incite les pays d'origine des enfants à ne les confier qu'en dernier recours à l'adoption internationale. Avec la convention, le recours à un organisme agréé pour l'adoption (association ou autorité publique) est obligatoire. Ces organismes sélectionnent les dossiers et privilégient les profils les plus favorables et conformes aux attentes des pays. 

Chaque pays a défini des profils précis "d'adoptant idéal" et les profils deviennent deviennent de plus en plus restrictifs. Haïti est ainsi désormais fermée aux adoptions individuelles. Pour adopter aux Phillipines il faut être catholique pratiquant, le prouver par des certificats et avoir plus de 40 000 dollars de revenu annuel. 

Les pays imposent également des minimum et maximum d'âge, des revenus minimum, la fourniture de certificats de bonne moeurs

En Chine, il faut avoir entre 30 et 50 ans et un revenu de 30 000 dollars par an minimum, les 2 parents doivent travailler et être diplômés.  


Certains pays, comme la Chine ou le Vietnam, exigent déjà des "attestations de non homosexualité" pour les familles adoptantes.


La Russie a annoncé que l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels en France et au Royaume-Uni "réduirait les possibilités" pour leurs ressortissants d'adopter des enfants russes.




D'autres pays, comme Haiti ou Madagascar, ont carrément inscrit dans les conditions officielles relatives au profil des adoptants, que l’adoption n'est ouverte qu'aux couples mariés hétérosexuels (10 ans de mariage exigés). De nombreux pays suivront cette démarche.



De plus en plus de pays, comme la Chine, le Vietnam ou le Brésil, voit leur niveau de vie augmenter et proposent de moins en moins d'enfants à l'adoption internationale, privilégiant les adoptions nationales.



Les profils des enfants candidats à l'adoption ont également changé : d'âges relativement élevés (plus de 3 ou 4 ans), malades, handicapés ou issus de fratrie, les enfants "à besoins spécifiques" sont de plus en plus nombreux parmi les enfants proposés à l'adoption.


Tous ces multiples critères font de l'adoption légale pour les couples mariés homosexuels, une illusion.





MC Brajard
Maman d'une petite Rose adoptée au Cambodge





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