C'est souvent lors de la première année de maternelle que
les symptômes d'autisme deviennent évidents. Non pas que l'enfant devient
autiste à ce moment-là, il l'a toujours été mais quand les parents n'ont pas
encore eu de diagnostic, ils n'ont pas encore pu mettre un nom sur le
comportement étrange de leur enfant.
S'il est resté à la maison jusqu'à l'entrée en
maternelle, la maman a pu s'accommoder du retard de développement de son
enfant, de son hyperactivité ou à l'inverse de ce qu'on croit être une
personnalité "d'enfant très sage". L'entourage répondant aux inquiétudes
par les habituelles phrases "Ne t'inquiète pas il lui faut du temps,
laisse le aller à son rythme, ça ira mieux en entrant à l'école, etc...".
Mais ça ne va pas mieux en entrant à l'école, c'est même à ce moment-là que le
cauchemar commence.
Notre fils Valentin, allait à la crèche pendant les 3
années qui ont précédé son entrée en maternelle. Les deux premières années,
c'était un enfant sage, très sage, très calme, pas du tout turbulent. Nous
étions fiers d'avoir un enfant si sage. Je voyais bien quand je passais un peu
de temps dans les locaux de la crèche que les autres bébés du même âge
s'appropriaient les jouets, grimpaient sur les modules
"escalier/toboggans" quand mon bonhomme restait assis là à les
regarder sans bouger. A table, ses camarades mangeaient tout seul et buvaient
avec un gobelet quand Valentin buvait encore avec un biberon. Ils allaient aux
toilettes quand Valentin portait encore des couches. Mais on me rassurait
disant que chaque enfant avance à son rythme. La phrase que j'ai entendu le
plus est : "il faut lui laisser du temps".
La dernière année de crèche a été plus problématique.
C'est l'âge où les enfants commencent à entrer dans les interactions. Ils ne
jouent plus en parallèle mais ensemble. Ils intègrent les codes de vie en groupe
: se mettre en rang, se regrouper assis sagement autour de l'éducatrice pour
écouter sans bouger une histoire, faire des rondes, rester assis sans bouger
pour dessiner, obéir aux consignes, faire des jeux ensemble.... et c'est là que
la rupture a été nette. Valentin était totalement en décalage et semblait ne
pas comprendre ce qu'on attendait de lui. Il n'écoutait pas les histoires avec
ses camarades, il ne se mettait pas en rang, il parlait quand tout le monde
devait se taire et ne répondait rien ou une phrase qui n'avait rien à voir avec
la question quand on lui posait une question. Il jouait de façon décalée avec
les jouets et n'entrait pas dans les jeux qui demandaient des aptitudes
sociales. Il menait sa vie en parallèle du groupe.
Mais bien qu'une crèche soit un environnement où évolue
des professionnels de la petite enfance, personne n'a évoqué la possibilité que
Valentin puisse être autiste. Face à ce comportement bizarre, l'équipe de la
crèche m'a juste dit qu'il serait bon que je consulte un psychologue pour aider
Valentin. Et nous en sommes restés là. De mon côté j'avais commencé à consulter
la psychologue conseillée par le centre de PMI. Puis une autre conseillée par
une maman. A chaque fois, on me disait d'attente, de lui laisser du temps.
L'été est passé et Valentin a fait sa rentrée en
maternelle. Et c'est à ce moment-là que tout a basculé. Le décalage de Valentin
est devenu énorme. Il y avait le groupe de tous les enfants de la classe et en
parallèle Valentin qui ne répondait à aucune consigne, manifestait un
comportement hyperactif hors de tout contrôle, ne rentrait dans aucune
activité. On nous a très vite fait comprendre qu'il n'était pas possible de
garder Valentin dans la classe que la maitresse ne pouvait pas s'occuper de
lui.
Que ce soit pendant les 3 années de crèche et son entrée
en maternelle, aucun des professionnels de la petite enfance n'a évoqué une
probable piste d'autisme.
Toute cette période d'errance aurait été évitée si les
professionnels de la petite enfance et les enseignants de primaire et
particulièrement en maternelle, étaient informés des premiers signes de
l'autisme.
Une réponse au manque d'information
Pour répondre à ce manque énorme d'information, avec
l'aide d'associations, l'Académie de Lyon a créé une brochure à destination des
enseignants, pour leur permettre de déceler les premiers signes de l'autisme et
de guider ainsi les parents vers les professionnels qui pourront poser un
diagnostic et mettre en place une prise en charge adaptée de l'enfant afin qu'il
suive une scolarité plus sereine. Cette brochure contient également des
conseils pour les enseignants afin de leur faire prendre conscience de
l'importance de scolariser l'enfant autiste comme les autres enfants et au
milieu de ses pairs et les stratégies à mettre en place pour cette
scolarisation se passe bien.
Voir la brochure réalisée par le rectorat de Lyon
Voilà une excellente initiative qui devrait être
généralisée à toute la France et à tous les secteurs de la petite enfance :
écoles, crèche, PMI, Camps, service sociaux des mairies, centres de loisirs,
service d'aide maternelle...
Profitons de cette année de Grande Cause Nationale pour demander à nos administrations locales de diffuser ce type de brochure !
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